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Les études, ce n’est pas de la voyance !

Publié le 16 avril 2019 à 14:15 par Magazine En-Contact
Les études, ce n’est pas de la voyance !

Archive : En-Contact, janvier 2017

Tandis que les résultats de l’élection américaine plongent une grande partie des médias et commentateurs professionnels dans la stupeur émerge une question bigrement intéressante : comment les sondages peuvent-ils à ce point se… tromper ? Et encore plus au pays du big data et de la prédiction optimisée…
Quelques jours avant notre dossier spécial Madagascar (parution le 15 décembre), c’est un spécialiste des sondages, installé à Madagascar et à Vanves qu’on est allé solliciter pour un éclairage précis. Comme lui.

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© Edouard Jacquinet

En-Contact : Ariane Etudes et Ariane Contacts, deux noms pour une activité de centres d’appels et une longue pratique des études et sondages, notamment dans le monde politique. Que vous inspire le résultat de ces élections ?
Vincent Rebois : Une belle démonstration de démocratie. Au moins on ne pourra plus dire que les sondages influencent l’opinion ! Trump a toujours été haut dans les intentions de votes. Il a même été donné gagnant le 1er novembre. Les observateurs savaient donc que Trump pouvait gagner, ils ont dit le contraire parce que personne ne voulait croire qu’un bateleur grossier, misogyne et xénophobe puisse devenir président de la première puissance mondiale.
Au sujet des études, ces élections nous rappellent à un peu d’humilité, et en particulier à propos des modèles « prédictifs » américains. Les études, ce n’est pas de la voyance ! C’est comprendre l’opinion, les consommateurs, les clients, les tendances. C’est décrypter et permettre à nos clients d’anticiper.

La méthodologie des sondeurs est normalement scientifique. Est-ce l’analyse des résultats qui fait défaut ou la façon de suggérer certaines réponses via des questionnaires biaisés qui peut susciter de tels écarts sondages/résultats ?
Les sondeurs maîtrisent la sociologie, le marketing, l’échantillonnage, la démographie, les statistiques, les mathématiques… et savent que changer un mot, une conjugaison, une liste de choix, peut modifier la nature des résultats. C’est pour cela que les instituts objectivent leurs questions, d’autant que les études publiées sont contrôlées par la Commission des sondages.
Mais l’interprétation et les commentaires des résultats, eux, sont libres… On se retrouve donc face à un paradoxe entre l’approche rigoureuse des études et la diffusion de celles-ci dans les médias qui cherchent le buzz et l’instantanéité.

Vous travaillez depuis 20 années pour les plus grands instituts français, leur rigueur et méthodologie sont ils semblables ou des disparités existent-t-elles dans la pratique ?
Il existe de grandes différences entre les instituts. Mais c’est avant tout un métier à valeur ajoutée, ce qui compte avant tout, c’est la pertinence de la méthode : Quali ou quanti ? Quels modes de recueils ?
Après, certains instituts développent des méthodologies innovantes, d’autres préfèrent travailler sur du conseil. Chez Ariane, nous avons choisi d’investir la relation client avec la création d’Ariane contacts. Il s’agit de passer de l’analyse à l’action, d’utiliser nos capacités d’anticipation pour augmenter la connaissance individuelle de chaque client et améliorer son expérience.

Peut-on imaginer François Fillon en pôle position à la primaire ou bien mieux classé que ce que nous disent les sondages par exemple ?
Vous pouvez tout imaginer, lui y croit, les électeurs décideront !
La primaire LR pose un problème à tout le monde : personne ne sait qui va aller voter. Il n’y a pas de corps électoral défini et aucun historique. Les instituts présentent donc plusieurs hypothèses selon des niveaux de mobilisations différents. Et incontestablement Fillon progresse, depuis plusieurs semaines. Mais de là à le donner gagnant, cela me paraît un peu rapide. Il lui reste encore du monde à convaincre. Plus que quelques jours et un débat pour essayer de monter sur le podium !

Madagascar, où vous êtes installés depuis 11 années, est « the hot spot » des centres d’appels en ce moment. Vous voyez tous les grands groupes arriver, qu’est-ce que cela vous inspire ?
Bienvenue à bord !
Il y aura peut-être quelques turbulences dans les RH mais c’est une bonne nouvelle qu’ils arrivent. Ils ont raison de venir à Madagascar, Ariane y fait un travail formidable depuis 2005. Il leur faudra sans doute un peu de temps pour prendre leurs marques, mais je leur souhaite de réussir, nous y avons tous intérêt.
Pour ma part, au-delà des effets de mode pour telle ou telle destination, je suis convaincu que la pérennité de notre métier passe d’abord par la valeur ajoutée que nous sommes capables d’apporter à nos clients.

 

Propos recueillis par Manuel Jacquinet

Retrouvez plus d’articles d’archive, ici.


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