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Hermès Sahaf, le bouquiniste empêché d’Izmir. Par Hermès

Publié le 07 mars 2024 à 14:37 par Magazine En-Contact
Hermès Sahaf, le bouquiniste empêché d’Izmir. Par Hermès

Les bouquinistes n’ont pas peur de la castagne et savent s’emparer des médias sociaux. Après ceux des quais de Paris, qui ont finalement remporté une bataille, le libraire turc Ümit Nar ferraille en justice contre la marque luxueuse de maroquinerie.

Ümit Nar dans sa librairie Herms Sahraf à Izmir

Hermessahaf, littéralement le bouquiniste Hermès de la ville d’Izmir, en Turquie, est aux prises avec le groupe français du luxe Hermès depuis décembre 2021. Ümit Nar, le propriétaire de la librairie, s’est vu refuser le dépôt de sa marque par l’Office des Brevets sous les motifs juridiques d’atteinte à la propriété intellectuelle ainsi que le risque de confusion et de similitude.

Peu intimidé par les avocats de la marque française, il raconte son histoire sur X, attirant une audience de presque 300 000 personnes et porte plainte contre Hermès et l’Office des brevets. Pour lui, l’argument de la confusion et de similitude est ridicule : « Notre logo, la façon dont les lettres sont écrites et les images que nous utilisons ne sont pas les mêmes. Même la prononciation en turc n’a rien à voir avec celle en français ». Il s’indigne : « Hermès, Zeus ou le Père Noël appartiennent au patrimoine culturel de l'humanité. Aucune entreprise ne devrait pouvoir s'accaparer ces noms si ancrés dans notre mémoire collective ».

Les autorités judiciaires se prononceront le 27 mars prochain. 

Les marques de luxe, mais également celles de la tech tentent de protéger leur marque et tout ce qui semble constituer un savoir-faire en matière d’expérience client, shopping. On le sait peu, mais Apple protège également d'autres éléments clés de son expérience shopping: l'agencement de ses magasins.

 

Libérez Hermès, la lettre ouverte de Ümit Nar.

Joint par nos soins, le bouquiniste turc, très présent sur Instagram, nous a adressé une lettre ouverte, traduite en français. 

"Chères lectrices, chers lecteurs, cher.e.s ami.e.s ;

Je vais vous raconter « le combat » d’un bouquiniste, oui c’est moi-même, le bouquiniste Hermès, contre le géant Hermès. Non, il ne s’agit pas du fameux Dieu grec, mais de la société « œuvrant dans la conception, la fabrication et la vente de produits de luxe ». Je vous demande de soutenir ma cause en partageant cette histoire avec votre entourage pour montrer au monde que les biens culturels communs ne peuvent pas être usurpés par des grandes sociétés. #libertépourHermès #solidaritédesbouquinistes

Je travaille en que bouquiniste en Turquie depuis une quinzaine d’année sous ce nom, et récemment j’ai ressenti le besoin d’enregistrer la marque « Hermès le bouquiniste » afin de pouvoir mener certaines activités, toujours liées à ce que je fais : vendre des bouquins. J’ai déposé une demande d'enregistrement de marque auprès des instances responsables, et au lieu de recevoir leurs accords, j’ai reçu un mail de la part du représentant de Hermès, c’est toujours la société de luxe, pas le Dieu, qui indique que je ne peux pas utiliser leur nom. Oh mon Dieu (Hermès) ! Je ne veux pas vous souler avec les détails mais leur allégation porte sur le fait que le nom « Hermès le bouquiniste » fait directement allusion à la marque Hermès. Il est ajouté que, de ce fait, j’abuse la réputation de la marque. L’Office turc des brevets et des marques m’a donné droit pour trois points sur quatre mais il a donné droit à Hermès sur le fait que dès qu’on entend la marque « Hermès le bouquiniste » on pense à Hermès, la marque de luxe, et que ce n’est pas approprié. Ma lutte continue toujours au niveau légal, en Turquie, mais a part de cela, j’ai vraiment eu besoin de partager l’absurdité de cette situation avec vous.

Apparemment, le représentant de la société Hermès, Deriş Patent ve Marka Acentalığı, objecte et s'oppose automatiquement à toutes demandes d’enregistrement de marque indiquant le nom Hermès plus ou moins avec les mêmes arguments. Veuillez m’excuser mais une éventuelle confusion entre le bouquiniste Hermès et la société de luxe ne peut m’être qu’honteux, étant une toute modeste entreprise qui est profondément contre cet esprit de « luxe ». Et je n’arrive pas à comprendre non plus comment une société de luxe peut s’approprier le nom Hermès.

Si jamais vous avez besoin des informations plus détaillées, n’hésitez pas m’envoyer un message.

Vive la solidarité !

Pour aller plus loin: découvrez le portrait du libraire parisien qui refuse de vendre des livres d'Annie Ernaux. Hubert Bouccara. 

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