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Spotlight n°4 – Vent de panique dans la moitié des groupes de presse français : où sont passées les coordonnées de leurs abonnés ?

Publié le 22 juin 2016 à 15:39 par Magazine En-Contact
Spotlight n°4 – Vent de panique dans la moitié des groupes de presse français :  où sont passées les coordonnées de leurs abonnés ?

La défaillance du prestataire GLI plonge la moitié des groupes de presse français dans l’incapacité de facturer et gérer leurs abonnements. A l’aube des vacances d’été, période durant laquelle de nombreux lecteurs modifient leurs adresses d’envoi, les services diffusions et marketing des Echos, du Figaro, du Point, de Valeurs Actuelles sont fortement impactés et redoutent pire encore : la perte définitive de ces coordonnées.

Plus de la moitié des groupes de presse français (Le Figaro, Les Echos, Le Point, Valmonde – Valeurs Actuelles…) sont dans l’incapacité, depuis deux jours, de facturer leurs abonnements et auraient peut-être, en raison de la défaillance d’un de leurs prestataires (spécialisé en gestion d’abonnements), perdu les coordonnées de ces derniers. C’est un véritable vent de panique qui souffle dans les services diffusions et abonnements essentiellement parisiens depuis la fin de matinée aujourd’hui, mercredi 22 juin. En effet, le groupe GLI, basé à St-Ouen et dirigé par Gilbert Libermanas et Pierre Hernandez, aurait identifié le problème informatique dès dimanche soir, et ne serait pas parvenu à le résoudre depuis, malgré l’intervention de leur prestataire informatique – une des multinationales du secteur, selon nos sources. A quelques jours du début des vacances d’été, l’impact est encore plus significatif puisque de nombreux abonnés font modifier leurs adresses d’envoi de leurs quotidiens ou magazines préférés. Les services clients qui gèrent ces abonnements par téléphone ne sont pas affectés mais, comme en témoigne l’impression écran du Figaro de ce jour, il est impossible d’accéder au service abonnement.

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Le vent de panique s’explique d’autant plus que ces mêmes directeurs de la diffusion ont découvert à cette occasion que ni GLI, ni eux-mêmes, n’auraient de backups de ces données abonnés qui seraient pour l’instant, « quelque part mais on ne sait pas où », selon l’un d’eux que nous avons pu interviewer.

Comment « expliquer » une telle négligence alors même que l’un des véritables « actifs » de ces groupes de presse est précisément leur base abonnés : le métier de la gestion d’abonnements est à la fois un petit marché, très concurrentiel, et qui s’est surtout fortement concentré ces dernières années à la suite de nombreux dépôts de bilan et rachats successifs (Presse informatique,  GLI, WDM et Arvato en ont longtemps été les principaux acteurs). La pression réelle sur les prix d’achats de prestations auprès de ces groupes, opérée par des groupes de presse eux-mêmes en recherche de rentabilité, a-t-elle amené GLI à méconnaître des règles de sécurité ou à différer des investissements qui auraient été nécessaires ? Les jours qui vont suivre permettront certainement d’éclaircir cette question qui n’occulte pas la responsabilité ou la « candeur » des services diffusions qui, à l’instar de nombreuses sociétés n’ont pas la culture de la sécurisation des données en interne. Le groupe GLI était injoignable cet après-midi.
Mais cet évènement pourrait bien faire quelques heureux : Vivetic ou CCA International, par exemple, prestataires spécialisés en gestion d’abonnements et BPO (Business Process Outsourcing) qui ne risquent pas, eux, de chômer les prochains jours : Vivetic (installé en France à Pantin et Madagascar) et CCA International (qui a racheté DataBase Factory), offrent tous deux un « one stop shopping » sur ces métiers : centres d’appels, facturation des abonnements, gestion des paiements et du recouvrement. Anne Laratte, la dirigeante de Vivetic, confirmait cet après-midi même avoir été sollicitée par… de nombreux groupes de presse.

Jeanne-Esther Eichenlaub et Manuel Jacquinet

Lire la MAJ du 23 juin 2016 : Plus de 40 % des titres de presse français, dont le Figaro, les Echos, le Point, Valeurs actuelles, Altice Media ont perdu toutes les données sur leurs abonnés.

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